Cette idée d'un "bug humain" a une riche histoire culturelle qui explique la facilité avec laquelle elle est reçue en dépit de son absence de fondement scientifique.
Bien plus qu'un verdissement de façade, le greenwashing contemporain apparaît comme une manière de nous enfermer dans une trajectoire socio-écologique insoutenable.
1% de croissance des brevets sur des technologies environnementales est associée à 0,005% de réduction de l'empreinte écologique, une corrélation marginale (pour comparer, chque point de croissance du PIB fait augmenter les émissions de 0,2%).
Le greenwashing peut aussi passer par des déclarations invérifiables ou de simples promesses permettant de remettre à plus tard les actions concrètes.
Les économies d'énergie significatives n'ont rien à voir avec éteindre la lumière ou utiliser des tasses à café recyclables.
Tous les trucs qu'on achète dans l'année, la façon dont on se déplace, ce qu'on mange, la taille du logement qu'on occupe et son chauffage... Ça, ça pèse lourd.
Si l'on veut rendre nos modes de vie, de production et d'organisation sociale compatibles avec le maintien d'une planète habitable, il faut commencer par dépolluer le débat public des discours et des fausses promesses qui, en masquant ou en travestissant la réalité, nous empêchent d'être lucides sur le désastre en cours et sur les mesures nécessaires pour le limiter.
Désormais, il faut choisir : assurer la durabilité du capitalisme industriel ou celle de la Terre, de la vie et des sociétés humaines. Choisir la vie signifie œuvrer à l'établissement de "sociétés soutenables" plutôt qu'à la persistance d'un "développement" insoutenable.
Les émissions nationales représentent donc un indicateur assez trompeur qui fait croire que nos émissions diminueraient à chaque fois qu’une usine est délocalisée dans un pays à main d'œuvre sous payée (ce qui n’est évidemment pas le cas). L’empreinte carbone n’a pas ce défaut et permet d’attribuer à chaque pays les émissions liées au mode de vie de ses habitant·es.
Figure de proue des sociétés décarbonées, "l'éco-citoyen" conforte en fait la société du fossile de deux manières : d'abord en la mettant à l'abri de la critique, ensuite en profitant à ceux qui la dominent.
Le greenwashing semble donc dépasser largement le champ de la communication d'entreprise pour apparaître comme une tendance plus générale à "mal penser" les problématiques écologiques dans notre société.
Dans son usage le plus fréquent, le terme greenwashing désigne toute forme de communication fallacieuse ou frauduleuse en ce qui concerne les performances écologiques d'un produit ou d'une entreprise.