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Le greenwashing semble donc dépasser largement le champ de la communication d'entreprise pour apparaître comme une tendance plus générale à "mal penser" les problématiques écologiques dans notre société.

Si l'on veut rendre nos modes de vie, de production et d'organisation sociale compatibles avec le maintien d'une planète habitable, il faut commencer par dépolluer le débat public des discours et des fausses promesses qui, en masquant ou en travestissant la réalité, nous empêchent d'être lucides sur le désastre en cours et sur les mesures nécessaires pour le limiter.

Bien plus qu'un verdissement de façade, le greenwashing contemporain apparaît comme une manière de nous enfermer dans une trajectoire socio-écologique insoutenable.

Dans son usage le plus fréquent, le terme greenwashing désigne toute forme de communication fallacieuse ou frauduleuse en ce qui concerne les performances écologiques d'un produit ou d'une entreprise.

Le greenwashing peut aussi passer par des déclarations invérifiables ou de simples promesses permettant de remettre à plus tard les actions concrètes.

Une barge "Grand Rhénan" déplace autant de marchandise que 100 poids lourds, pour une division du taux d'émissions de CO2 par tkm allant de 2 à 5. (source: Transport de marchandise, rapport d'information du sénat)

Techno-optimiste, le programme du RN soutient l'innovation technologique, sans remettre en question le productivisme extractiviste global qui fait des ravages aux quatre coins du monde en amont (extraction à outrance de ressources non renouvelables) comme en aval (gestion/exportation des déchets), sans parler des conséquences pour les humains aux deux extrémités de la chaîne. C'est cette incapacité à penser le vivant et ses flux énergétiques et matériels dans leur globalité qui rend le nationalisme vert absurde face à la dimension mondiale du réchauffement climatique et de la crise environnementale.

Cette idée d'un "bug humain" a une riche histoire culturelle qui explique la facilité avec laquelle elle est reçue en dépit de son absence de fondement scientifique.

Présenter la finance durable comme levier pour atténuer le changement climatique et réduire la perte de biodiversité est extrêmement biaisé et hautement discutable : des réglementations environnementales classiques imposant une réduction progressive de l'extraction et l'utilisation des énergies fossiles et de la destruction de biodiversité entraîneraient une réévaluation des profits futurs attendus de chaque activité économique concernée, et donc automatiquement une réorientation liée des flux de capitaux vers des activités moins polluantes/destructrices.

Plus on est riche, plus on émet de GES : en France un ménage appartenant aux 10% plus riches émet en moyenne 2,2 fois plus qu'un ménage appartenant aux 10% plus pauvres. En invisibilisant ces asymétries sociales face au carbone, "l'éco-citoyen" fait oublier que les styles de vie valorisés socialement sont bien moins soutenables que les autres.

Figure de proue des sociétés décarbonées, "l'éco-citoyen" conforte en fait la société du fossile de deux manières : d'abord en la mettant à l'abri de la critique, ensuite en profitant à ceux qui la dominent.

Se focaliser sur des solutions "tout-technologique" éloigne du débat l'autre alternative pour réduire l'empreinte environnementale de notre consommation énergétique : la sobriété, qui concerne en premier lieu les pays riches.

Désormais, il faut choisir : assurer la durabilité du capitalisme industriel ou celle de la Terre, de la vie et des sociétés humaines. Choisir la vie signifie œuvrer à l'établissement de "sociétés soutenables" plutôt qu'à la persistance d'un "développement" insoutenable.